L’auteur nous raconte l’histoire d’une famille israélienne vivant aux États-Unis, jouissant d’une situation apparemment confortable et prospère.
Ayant fui la guerre, ils sont rattrapés par la violence lors d’un attentat les obligeant à affronter les tensions et dilemmes liés à leurs origines et à leur appartenance.
La rencontre avec un compatriote charismatique va perturber l’équilibre familial (La séquence avec le chien suscite une émotion particulière) ; la violence et la manipulation s’infiltrent progressivement dans leur quotidien, bouleversant les certitudes de chacun et les poussant à des réflexions profondes sur leur identité et leur avenir.
Ayelet Gundar-Goshen traite avec nuance et complexité des thèmes majeurs tels que l’antisémitisme, le déracinement, l’adolescence et le harcèlement, l’amour maternel…. Son écriture fluide et sa fine analyse pénètrent l’âme des personnages avec cohésion et habileté.
« J’ai détourné les yeux. Fixé la clôture. Bouché mes oreilles pour ne plus entendre les hurlements. J’ai déserté J'étais là, mais je désertais ».
« Ses yeux étaient sombres et agités, comme la mer de Tel-Aviv en hiver »
« L’envoyé »
Un attentat terroriste apparemment homophobe fait cinq morts dans une discothèque. La brigade criminelle de Pori, en Finlande, est chargée de l’enquête. L’un des policiers, Henrik Oksman, se trouve en mauvaise posture, car il était présent sur les lieux ce soir-là, travesti en robe rouge.
L’auteur dresse un portrait subtil d’un personnage singulier confronté à un véritable dilemme moral. Traumatisé depuis l’enfance, il n’assume pas ses penchants personnels, ce qui pourrait entraver la capture d’un homme incarnant le mal.
Ce roman noir et humaniste dénonce avec justesse et profondeur les multiples formes de l’extrémisme et ses violences.
L’écriture glaçante, mais addictive. Arttu Tuominen mène la danse avec brio, jusqu’à une fin réfléchie et marquante.
Panik en fuite
De nos jours, dans un hameau isolé du Groenland, deux homicides sont constatés, trois policiers y sont associés et interfèrent concomitamment à la fuite de Paninguaq Madsen « l’Inuite » une accoucheuse itinérante suscitant la curiosité.
Dans ce polar social bien documenté, l’auteur nous plonge dans le Groenland des années 50 et met l’accent sur ce scandale d’état qu’a été « l’Eksperimentet », évoquant siècles de servilité et les séquelles dramatiques d’une « danification » forcée des enfants groenlandais dans le but de créer une nouvelle élite.
Les personnages, les énigmes et le poids de la tradition chamanique rendent ce roman particulièrement intéressant et captivant.
« Le flic de terrain en lui gagnait peu à peu en acuité »
« Quand il entra en elle, lotus recevant sa fleur, leurs ventres et leurs visages en fusion... Là, dans cet océan de douceur qui dévalait jusqu’aux reins, il vit jaillir tous les animaux libérés… Bestiaire vivant qui ondulait au rythme de ses hanches.
Combat d’experts
Suite à la disparition de deux cars scolaires transportant 66 enfants, le commissaire Shepherd est chargé de mener l’enquête et la négociatrice Talia Sorel de communiquer avec le ravisseur.
Malgré les réticences du Raid à son égard, Talia fait preuve de détermination face à un kidnappeur malsain et manipulateur.
Avec une précision méticuleuse, Frank Leduc construit un thriller psychologique captivant dévoilant progressivement la machination infernale déployée par un esprit dérangé mettant à rude épreuve les forces de l’ordre. Les personnalités de chaque protagoniste sont soigneusement développées, ainsi que leurs passés…
Les rebondissements astucieux, répartis sur chapitres courts, maintiennent le suspense et le rythme de lecture….
« Comment un seul être humain avait-il pu engendrer tant de désolation ? »
Le mal sous-jacent
Années 30 aux États-Unis.
Une foule de 5 000 à 6 000 personnes se rassemble pour assiéger la prison et se faire livrer par les autorités un homme de couleur meurtrier présumé d’une blanche de 20 ans.
Face aux menaces caractérisées de lynchage et à l’hésitation cupide du shérif, seul un avocat communiste pourrait obtenir un procès….
Les mécanismes de cette justice sommaire sont décrits avec brio dans ce thriller percutant, retraçant la brutalité induite par la stupidité et la faiblesse de l’homme dans la folie collective.
Un plaidoyer sans concession contre le racisme instrumentalisé indéniablement efficace.
Glaçant.
« Aucun de ceux qui entendirent ce cri ne pourrait jamais l’oublier tout à fait. Il se grava dans les mémoires, s’y couva comme une étincelle dans une bûche pourrie ».