Il a pris une année sabbatique, quitté l'Allemagne et acheté, pour la restaurer, une ferme délabrée dans un coin perdu de l'Ardèche. Mais la matière est rétive, l'autochtone méfiant, et le climat d'une rudesse inattendue. Confronté à l'archaïsme des gens et des choses, cet intellectuel allemand rencontre les limites de sa propre expérience au coeur d'une austère solitude. Un compagnon pourtant l'assiste, dont le regard (sur la couverture d'un livre) semble suivre ses gestes maladroits : Paul Nizan, qui fut longtemps pour lui le modèle du "pur" capable de déjouer les pièges du réel, en rompant juste à temps avec le Parti communiste. Dès lors la fiction s'empare de ce père spirituel, l'annexe comme l'un de ses personnages, le soumet lui aussi à la question. Compte rendu d'une rencontre avec soi-même et avec la précarité du temps, ce récit intensément personnel met en scène les paradoxes de l'intellectuel de gauche face aux vieux démons de la mémoire politique européenne.