Henry Bauchau a connu dans sa jeunesse des années à voix haute, au cours
desquelles il transmettait le message chrétien de son milieu culturel et
social d'origine et tentait d’œuvrer à sa concrétisation politique; à cette
époque, il murmurait déjà, dans des poèmes laissés au secret de ses tiroirs,
ses angoisses à l’égard de cette seule réponse à son sens du sacré. Dans l
’après-guerre, il a vécu une remise en cause radicale de ses modes de pensée
et d’action, et il est entré dans une période à voix basse où, par le biais de
la psychanalyse, la vérité de l’être lui est apparue attachée à l’éloquence
paradoxale et sybilline de l’allusif, du non-dit et du silence. C’est alors
qu’il a mieux compris et accepté sa vocation de poète.